De l'étonnement au savoir, du leadership à l'encouragement
Muriel, tu as récemment figuré sur la shortlist du Tech Face "Hidden Figures Award". Il récompense des femmes remarquables dans les métiers de la tech, qui méritent d'être placées sous les grands projecteurs. En tant que Business Line Manager d'un fournisseur européen leader de solutions logicielles d'entreprise et mentore active dans le réseau Swiss TecLadies, nous aimerions en savoir plus sur toi.
1 Quelle est ta devise (de vie) ?
"L'étonnement est le début de la connaissance". Dans mon enfance, un camarade de classe a écrit ce proverbe dans un album de poésie (au tournant du millénaire, il y avait encore de tels livres en papier dans lesquels les amis dessinaient et écrivaient) et ces mots me sont revenus en tête à différentes occasions.
Je pense que nous devrions tous et toutes rester curieux et apprendre de nouvelles choses tout au long de notre vie, car apprendre procure beaucoup de plaisir et ce que nous apprenons (expérience/connaissance/intuition/...) nous facilite la vie. Et par apprentissage, je n'entends pas seulement les contenus que nous apprenons à l'école, dans le cadre d'un apprentissage ou d'études, loin de là. Pour moi, toutes les petites situations de la vie quotidienne sont également des occasions d'apprentissage, et ce de manière particulièrement efficace lorsqu'elles commencent par un (étonnement) et donc une réaction émotionnelle - qu'elle soit positive ou négative.
J'entame par exemple un processus d'apprentissage lorsque j'écoute avec admiration quelqu'un exprimer quelque chose de manière poétique ou lorsque je me demande, en secouant la tête, pourquoi un malentendu fâcheux s'est produit. C'est ainsi que nous apprenons en permanence et par petites touches à entretenir des amitiés, à comprendre d'autres cultures, à vivre de manière autonome, à nouer des partenariats, à transmettre des connaissances, à apporter de l'aide et bien plus encore.
2 Pourquoi es-tu mentore dans le programme de mentorat Swiss TecLadies ?
Parce que je suis convaincue qu'en tant qu'êtres humains, nous avons tous et toutes besoin d'un modèle pour nous fixer des objectifs et évoluer. De nombreux jeunes manquent d'occasions de nouer de nouveaux contacts avec des personnes actives, au-delà de leur cercle familial et amical existant.
Dans le cadre du mentorat chez Swiss TecLadies, les jeunes filles peuvent faire la connaissance de différentes femmes actives et établir une relation de confiance avec leur mentore, qui leur donne accès à son expérience et à son réseau. J'ai par exemple mis ma dernière mentorée en contact avec une fondatrice de start-up de mon réseau, afin qu'elle puisse poser ses questions sur l'entrepreneuriat de manière simple. En tant que mentore, j'ai également un aperçu de la vie des jeunes et j'apprends beaucoup de ma mentorée.
3 Quels conseils donnerais-tu aux jeunes filles qui pourraient s'imaginer exercer une profession dans un domaine scientifique ou technique, mais qui ne sont pas sûres de leur choix ?
Soyez curieuses et demandez à différentes personnes de vous faire part de leurs expériences, afin de pouvoir éclairer vos incertitudes sous différents angles.
N'ayez pas peur qu'un cursus particulier vous impose un métier à vie, car il existe de très nombreuses possibilités de réorientation et de nombreuses compétences que l'on peut transférer d'un domaine à un autre.
En outre, je pense qu'il est important de se consacrer assez tôt à l'apprentissage des "soft skills", car dans de nombreux métiers, les connaissances techniques ne font pas tout, loin de là, et seront probablement remplacées plus rapidement par des machines que par d'autres compétences humaines.
4 Quelle importance accordes-tu à l'objectif d'égalité des sexes dans les professions MINT ?
Pour moi, il est important que nous puissions toutes et tous participer à la construction de l'avenir. Je suis convaincue que des équipes diversifiées peuvent trouver de meilleures solutions aux problèmes, tout en s'amusant.
Je trouve également que l'égalité dans les professions MINT est souhaitable, car elle permettrait de surmonter la partialité des modèles actuels - afin que la prochaine génération puisse s'épanouir encore plus librement dans le choix de sa profession.
5 Qu'est-ce qui te plaît particulièrement dans l'informatique ?
L'évolution rapide des différentes technologies. J'ai l'occasion d'apprendre chaque jour quelque chose de nouveau, car les méthodes et les outils du secteur informatique évoluent à un rythme époustouflant.
Mais j'éprouve aussi un plaisir particulier à voir comment l'utilisation des nouvelles technologies facilite la vie des gens, par exemple en leur permettant d'être déchargés des tâches pénibles et répétitives de leur quotidien professionnel par un robot logiciel.
6 Pour quoi t'engages-tu particulièrement en tant que Business Line Manager chez BE-terna ?
Pour une culture d'entreprise agréable et ouverte. De mon point de vue, ce sont surtout les relations entre les personnes et l'ambiance au sein de l'équipe qui font la satisfaction des collaborateurs et collaboratrices dans une entreprise de conseil.
C'est pourquoi je m'engage à ce que nous entretenions et encouragions des contacts de confiance et une culture d'entreprise ouverte, dans laquelle les collaborateurs - hommes et femmes - peuvent donner le meilleur d'eux-mêmes et se développer individuellement. Nous avons également un programme de coaching de carrière dans le cadre duquel le développement de chaque personne est régulièrement discuté avec un(e) coach de l'équipe - indépendamment des projets et des chefs de projet. Je m'engage en outre à ce que nous, les femmes, nous nous soutenions mutuellement en tant que minorité et que nous puissions, par exemple, parler entre nous de sujets qui nous préoccupent à l'occasion de Ladies Lunches occasionnels.
Muriel Blum a fait ses premières armes en programmation au gymnase Neufeld à Berne et a rédigé un travail de maturité à l'interface des mathématiques, de l'informatique et des arts visuels. Elle a étudié la science des matériaux à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) et a obtenu un Master of Business Administration au Collège des Ingénieurs à Paris. Depuis quelques années, Muriel vit et travaille à Zurich.